Pourquoi le Pape Léon XIV propose Saint Jean Eudes comme figure missionnaire

Le 28 mai 2025, le pape Léon XIV a adressé sa première lettre officielle à la Conférence des évêques de France (CEF). Dans cette lettre, le Pape met en avant trois figures de saints français à l’occasion du centenaire de leur canonisation : Saint Jean-Marie Vianney (le Curé d’Ars), Sainte Thérèse de Lisieux et Saint Jean Eudes.
« En les élevant à la gloire des autels, mon prédécesseur Pie XI souhaitait les présenter au Peuple de Dieu comme des maîtres à écouter, comme des modèles à imiter, et comme de puissants soutiens à prier et à invoquer. L’ampleur des défis qui se présentent, un siècle plus tard, à l’Église de France, et la pertinence toujours très actuelle de ses trois figures de sainteté pour y faire face, me poussent à vous inviter à donner un relief particulier à cet anniversaire. »
Pour la Roche du Theil, voir Saint Jean Eudes mis ainsi en lumière est une grande joie, et nous voulons afin de vous aider à mieux le connaître, préciser un peu certains points que Léon XIV évoque dans sa lettre.
Le Pape cite trois traits spirituels que ces trois grands saints français partagent :
« Ils ont aimé sans réserve Jésus de manière simple, forte et authentique ; ils ont fait l’expérience de sa bonté et de sa tendresse dans une particulière proximité quotidienne, et ils en ont témoigné dans un admirable élan missionnaire »
Cet élan missionnaire dont parle le Pape, nous avons choisi de le mettre au coeur de notre réflexion pour l’avenir de la Roche. À l’issue de l’Assemblée générale du 11 juin, le Père Laurent, Eudiste, a développé ce que signifiait, pour Jean Eudes, être missionnaire, en trois points.
1er point : « Laisser vivre Jésus en nous »
Le premier ressort de la mission, c’est bien sûr d’aimer le Christ, faire l’expérience de son amour au point de vouloir donner aux autres de vivre cet amour. Et pour aimer le Christ, Jean Eudes a fait le choix de l’intériorité : il ne s’agit pas d’abord d’agir en cherchant à se conformer à un idéal mais de s’ouvrir à Dieu qui se rend présent à nous, et se laisser habiter, travailler par Lui. Ce chemin d’intériorité se vivra par une communion de vie avec Jésus, c’est-à-dire en continuant et accomplissant la vie du Christ en nous : il « suffira » alors de laisser le Christ agir en nous, et notre vie sera ajustée. Comme dit Saint Jean Eudes : « Laissez vivre et régner Jésus en vos cœurs ».
« Dieu nous envoie vers les pauvres, non pour les juger, mais pour leur manifester la tendresse de son Cœur. »

2e point : vivre réellement de la vibration de son baptême
La mission, c’est faire découvrir aux autres ce chemin qu’on vie soi-même. Pour cela, Jean Eudes a été un missionnaire infatigable : pendant toute sa vie, il prêchera des missions dans les paroisses. Une mission, pour Jean Eudes, n’est pas une mince affaire : c’est plusieurs semaines au même endroit, avec prédications quotidiennes, catéchisme et conférences adaptées aux différents publics, confessions. Ce n’est pas une mission de la première annonce, mais dans le sens d’un renouvellement profond de la foi, d’une plus grande « formation »… du Christ en soi. C’est un appel à vivre réellement de la vibration de son baptême, pour devenir membre du Corps du Christ.
« Le ministère des missions est une œuvre de charité ardente : c’est procurer à Jésus-Christ des membres nouveaux et vivants, c’est rendre la vie à des âmes mortes, c’est continuer sa propre mission sur la terre. »

3e point : faire durer la mission après la mission
Refaire vibrer les baptisés, c’est bien. C’est encore mieux si ça dure. Saint Jean Eudes est attentif à ce que ces missions portent des fruits durables. C’est pour cela qu’il fonde un séminaire et une maison pour l’accueil des femmes en détresse. Pour cela aussi qu’il publie de nombreux ouvrages pour continuer de faire vivre la mission à travers eux. Il établit aussi des confréries de laïcs aux lieux mêmes de ses missions, notamment pour y assurer le service des pauvres ou la catéchèse.
En clair : la mission sera d’autant plus durable qu’elle ne reposera pas sur un homme seul, venu à un seul instant. De même que la formation du Christ en soi ne peut pas se réduire à un tête-à-tête intimiste avec Lui, être missionnaire se vit en Église.
« Une communauté chrétienne renouvelée est une lumière dans le monde. Il faut la reconstruire comme un temple vivant du Christ. »

Puisse l’exemple de Saint Jean Eudes inspirer la Roche du Theil pour qu’elle sache, à sa manière, contribuer à la mission !